dimanche 31 juillet 2022

Pie 12 et les juifs

 1943: Pie XII n’a pas levé le petit doigt pour protester

 

Consterné par les excuses continues apportées au pape Pie XII, l’historien David Kertzer révèle ce qu’il a découvert de la position du Vatican sur le génocide juif.

Le pape Pie XII, loin d’être « neutre » pendant la Shoah, dit un lauréat du Pulitzer

Quand, en 1943, 1 260 Juifs italiens ont été rassemblés par les nazis à portée de voix de la Cité du Vatican à Rome, le pape Pie XII n’a pas levé le petit doigt pour protester.

Le pape était pourtant bien informé du sort probable des Juifs italiens qui avaient été regroupés dans la cour d’un collège militaire depuis deux jours. Selon l’historien et lauréat du prix Pulitzer, David Kertzer, Pie XII avait, depuis l’automne 1942, reçu des informations détaillées sur le génocide de la communauté juive européenne.

 « Je m’étonne que, de tout ce qui a été écrit sur l’action du Vatican et du pape pour sauver les Juifs, si peu aient noté que cette action concernait surtout des catholiques qui étaient soit des convertis issus du judaïsme, soit des enfants de Juifs », a déclaré cette semaine au Times of Israel Kertzer, auteur de Le pape en guerre : l’histoire secrète de Pie XII, Mussolini et Hitler.

Pendant des décennies, Kertzer s’est plongé dans les archives, notamment italiennes, pour reconstituer l’activité du Vatican pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans un livre récompensé paru en 2014, Le pape et Mussolini, Kertzer décrivait de quelle manière le fascisme italien et le Vatican s’étaient mutuellement renforcés dans l’entre-deux-guerres.


Hitler et les catholiques

 « Les archives du Vatican récemment ouvertes concernant toutes ces années montrent très clairement l’objectif que le Vatican avait et qui était celui de venir en aide aux catholiques traités comme des Juifs par les fascistes ou les nazis », a expliqué Kertzer au Times of Israel.

Selon Kertzer, le Vatican peut faire plus qu’ouvrir ses archives, même les plus sensibles – les « dossiers personnels » sont toujours interdits aux historiens.

« Alors que l’Église catholique romaine a, dans d’autres pays, dont la France et l’Allemagne, reconnu sa responsabilité dans la diabolisation des Juifs, sur laquelle la Shoah a fait son lit – et, dans le cas de l’Allemagne, dans le soutien à la guerre – ni le Vatican ni l’Église en Italie n’ont reconnu leur part de responsabilité », a déclaré Kertzer, maintenant âgé de 74 ans.

« Le Vatican, en particulier, n’a jamais reconnu le rôle que la hiérarchie de l’Église italienne avait joué pour convaincre les Italiens qu’il était de leur devoir, en tant que bons catholiques, de prendre part à la guerre de l’Axe », a déclaré Kertzer, auteur de nombreux livres et essais sur l’histoire italienne.

Le pape en guerre ne contient pas une seule « preuve irréfutable » concernant la position du pape sur la Shoah. Cependant, a déclaré Kertzer, plusieurs documents découverts depuis 2020 brossent un tableau plus clair pour les historiens des facteurs à l’origine de la position du pape sur le massacre systématique des Juifs d’Europe.

Des éléments d’archives révélés dans le livre assurent que le pape s’est secrètement entretenu avec Hitler, par l’intermédiaire d’un prince allemand, intime du dictateur. Une autre découverte faite au beau milieu de plusieurs milliers de documents publiés par le Vatican concerne le principal conseiller du pape sur les affaires juives, qui aurait exhorté le souverain pontife à ne pas protester contre l’ordre de Mussolini d’envoyer la plupart des Juifs d’Italie dans des camps de concentration.

« J’aimerais croire que les apologistes de Pie XII vont changer d’avis en lisant mon livre, en prenant connaissance des preuves historiques, mais j’ai bien peu d’espoir », a regretté Kertzer, ancien recteur de l’Université Brown. « En effet, je crains qu’ils ne soient pas très nombreux à me lire avant de m’attaquer », a-t-il précisé.

Pendant des décennies, les apologistes de Pie XII ont affirmé que le souverain pontife aurait fait plus de mal que de bien en dénonçant les nazis pour le massacre des Juifs. Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, Pie XII avait été informé des génocides de Varsovie et de Lvov, mais il avait gardé le silence.

« J’ai du mal à comprendre en quoi le fait, pour le pape, de réprouver les exactions commises par les nazis à l’encontre des Juifs d’Europe aurait fait redoubler la colère d’Hitler contre les Juifs d’Europe – principale justification des apologistes », a déclaré Kertzer, fils de rabbin.

« Dans quel monde vivent de tels apologistes ? Dans un pays où Hitler n’était pas déterminé à débarrasser l’Europe de tous ses Juifs ? Ce qu’ils n’admettent pas, c’est à quel point les Allemands et les Italiens ont régulièrement utilisé la diffamation des Juifs, prônée par l’Eglise, pour justifier leurs propres campagnes anti-juives, et l’incapacité du pape à condamner cela », a assuré Kertzer.

Dans Le pape en guerre, Kertzer établit que l’antisémitisme n’était pas le trait de caractère dominant de Pie XII. Au contraire, a déclaré Kertzer, le souverain pontife en temps de guerre avait surtout à cœur de conserver le pouvoir de l’Église.

Pie XII craignait profondément le communisme, qu’il considérait comme une déchristianisation, a ajouté Kertzer. Croyant qu’il avait une mission personnelle pour vaincre le communisme, Pie XII avait préféré se concilier les bonnes grâces de Mussolini et d’Hitler.

La personnalité de Pie XII s’était révélée « déterminante » dans ce sens, écrivait Kertzer. Dans des milliers de rapports d’ambassadeurs, de lettres envoyées par Pie XII et d’autres documents, le souverain pontife aura constamment fait preuve de « prudence » en « défendant les prérogatives de l’Église et en limitant au maximum le risque de représailles », a déclaré Kertzer.

Quand il était devenu évident que l’Axe perdrait la guerre, Pie XII avait fait du Vatican une entité de rétablissement de la paix. Cependant, après la fin de la guerre, Pie XII avait refusé d’aider à localiser les orphelins disparus de la Shoah, dont la plupart auront grandi dans la religion catholique et ne seront jamais revenus au judaïsme.

Des hommes, des femmes et des soldats se rassemblent autour du pape Pie XII, les bras tendus, le 15 octobre 1943, lors de sa tournée d’inspection de Rome, en Italie, après un raid aérien américain du 13 août durant la Seconde Guerre mondiale.

 « Bien qu’au cours des nombreuses années où j’ai pu aborder ces questions, j’ai été invité par un grand nombre de synagogues et d’organisations culturelles juives à parler de cette histoire, je ne me souviens pas d’avoir jamais été invité par une église ou une organisation culturelle catholique », a conclu Kertzer.

 MATT LEBOVIC  fr.timesofisrael.com



Commentaire du webmestre 

Tout cela n'a évidement rien à voir avec la véritable église de Jésus Christ où il n'y a ni pape, ni vatican.

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