vendredi 19 septembre 2025

Prier pour un péché qui ne conduit pas à la mort, ça veut dire quoi?

Benjamin Eggen

Jean parle d’un "péché mortel" pour lequel il ne faut pas prier: qu’est-ce que cela veut dire? Dans cet article, nous verrons que Jean nous appelle à réagir de la bonne manière lorsqu’un frère ou une sœur pèche devant nous.

"Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène pas à la mort, qu’il prie, et (Dieu) lui donnera la vie; (il s’agit de) ceux qui commettent un péché qui ne mène pas à la mort. Il y a un péché qui mène à la mort, ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier. 17 Toute injustice est un péché, et il y a tel péché qui ne mène pas à la mort."

1 Jean 5.16-17, version Colombe.

Ces deux versets soulèvent beaucoup de questions. Cet article vise à les clarifier brièvement, sans toutefois entrer dans trop de détails, afin d’appliquer les vérités de ces versets à nos vies. Comme nous allons le voir, ce passage nous met au défi.


C’est quoi "le péché qui mène à la mort"?

Lorsque nous sommes confrontés à un verset difficile, il est toujours utile de considérer le contexte. En particulier ici, il est important d’avoir en tête le contexte général de cette première lettre de Jean. Dans sa lettre, Jean met en garde contre ceux qui enseignent des choses fausses sur Jésus. Ces faux enseignants cherchent à "séduire" les chrétiens, tout en reniant les vérités fondamentales à propos de Jésus (voir par exemple 1Jn 2.22-23 et v.26, ainsi que 1Jn 4.2-3).

En reniant ces vérités, les faux enseignants se privent du Fils, et Jean nous dit qu’ils n’ont donc pas accès au Père (1Jn 2.22-23). En reniant le Fils, ils n’ont pas la vie –la vie éternelle– (1Jn 5.11). Ainsi, par leur attachement à ces faux enseignements, ils commettent un péché qui les mène à la mort éternelle, vers le jugement de Dieu. Ce péché qui mène à la mort, c’est tout simplement le rejet du Fils – ou une manière de vivre qui s’oppose au Fils.

Pourquoi Jean dit-il de ne pas prier pour ce péché?

En faisant référence au fameux péché qui mène à la mort (le rejet du Fils), Jean précise: “Ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier.” (v.16). Je ne crois pas qu’il soit en train d’affirmer qu’il est interdit de prier pour de telles personnes (dans le sens qu’il ne faudrait surtout pas le faire). Il me semble que Jean veuille plutôt clarifier auprès de ses lecteurs ce qu’il est en train de leur demander. Lorsqu’il leur demande de prier pour ceux qui pèchent, il ne parle pas des faux enseignants qui s’égarent: il est question du frère ou de la sœur qui pèche. Pour le dire autrement, le but de Jean n’est pas de leur dire pour qui ne pas prier, mais plutôt pour qui prier.

Quelle application pour nous?

L’application de ces versets nous met au défi. Ce que Jean nous montre ici, c’est la bonne réaction à avoir face à un frère ou une sœur qui pèche.

En général, lorsque l’on voit un frère ou une sœur pécher, que ce soit envers nous ou quelqu’un d’autre, nous avons tendance à intervenir rapidement. Nous voulons reprendre la personne, en parler à d’autres, ou simplement laisser bouillonner les choses en nous. Mais dans ces versets, Jean nous dit de faire autre chose: prier. Il faut tout simplement prier pour cette personne; prier pour qu’elle prenne conscience de son péché (si ce n’est pas encore le cas), qu’elle puisse s’en repentir, et que Dieu lui donne la vie – c’est-à-dire une relation rétablie avec lui.


Est-ce là notre première réaction face au péché de nos frères et sœurs?

Il est vrai que la Bible nous apprend à réagir de différentes manières face au péché d’un frère ou d’une sœur (Mt 18.15-20 et 1P 4.8, par exemple). Notre réaction doit dépendre de la situation et du péché en question.

Cependant, quelle que soit la situation, quelle que soit la réaction appropriée, il y a toujours une chose que nous pourrons faire à n’importe quel moment: prier pour la personne, pour son bien spirituel. Cela témoigne de l’amour mutuel dont Jean parle dans sa lettre: nous voulons chercher le bien de nos frères et sœurs, et donc nous soucier de leurs péchés. Il ne s’agit pas de nous en soucier dans le but de commérer, d’en parler à tout le monde, ou de les regarder de manière négative parce qu’ils seraient plus faibles que nous qui n’avons pas commis ce péché… Il s’agit plutôt de nous en soucier parce que cela nous touche et que nous souhaitons leur bien spirituel. Nous voulons leur sainteté.

Imaginons, par exemple, que nous remarquions la réaction d’un frère ou d’une sœur qui nous semble immature, qui n'honore pas le Seigneur. Que faisons-nous? Est-ce que l’on s’indigne, en se disant que cette personne a encore beaucoup de progrès à faire? Est-ce que l’on en parle à quelqu’un pour se plaindre? Est-ce que l’on se précipite vers cette personne pour la reprendre?

Jean nous dit de commencer par prier: priez pour que le Seigneur l’aide à voir son péché, et si elle en est déjà consciente, priez pour que le Seigneur l’aide à travailler sur ce péché, afin de grandir en sainteté. Ensuite, observez le changement, et remerciez Dieu pour ce qu’il a fait…

mercredi 3 septembre 2025

mardi 26 août 2025

Que penses tu d'Israël ?

"Il y a quelque chose chez Israël qui met mal à l’aise, et ce n’est pas ce qu’ils prétendent.

Ils pointent du doigt la politique, les colonies, les frontières et les guerres. Mais si l’on creuse sous la colère, on découvre quelque chose de plus profond. Mal à l’aise non pas avec ce qu’Israël fait, mais avec ce qu’Israël est.


Une nation si petite ne devrait pas être si puissante. Point final. 

Israël n’a pas de pétrole. Pas de ressources naturelles particulières. 

Ils sont encerclés par des ennemis. Détestés par l’ONU. Cibles du terrorisme. Dénoncés par des célébrités. Interdits, vilipendés et attaqués.

Et pourtant, ils prospèrent comme s’il n’y avait pas de lendemain. Dans l’armée. Dans la médecine. Dans la sécurité. Dans la technologie. Dans l’agriculture. Dans le renseignement. Dans la moralité. Dans une volonté pure et inébranlable. Ils transforment le désert en terres agricoles. 

Ils produisent de l’eau à partir de l’air. Ils interceptent les roquettes en plein vol. Ils sauvent des otages au nez et à la barbe des pires régimes du monde. Ils survivent à des guerres censées les anéantir et gagnent. Le monde les observe sans comprendre.

Alors, ils font ce que font les gens lorsqu’ils sont témoins d’un pouvoir qu’ils ne comprennent pas. Ils supposent que c’est une arnaque. 

Ce doit être l’aide américaine. Ce doit être un lobbying étranger. Ce doit être de l’oppression. Ce doit être un vol. Ce doit être une ruse obscure qui a donné aux Juifs ce genre de pouvoir. Le peuple juif était censé disparaître depuis longtemps. C’est ainsi que l’histoire des minorités exilées, asservies et détestées est censée se terminer.


Mais les Juifs n’ont pas disparu. Ils sont bel et bien rentrés chez eux, ont reconstruit leur terre, ont ressuscité leur langue – avec mémoire, identité et pouvoir.

Ce n’est pas normal. Ce n’est pas politique. C’est biblique. Il n’existe aucun code de triche expliquant comment un groupe de personnes retourne dans son pays après 2 000 ans. Il n’existe aucun chemin rationnel depuis les chambres à gaz jusqu’à l’influence mondiale.

Israël n’a aucun sens. À moins de croire en quelque chose qui dépasse les mathématiques.

PEUT-ÊTRE QUE DIEU N’EST PAS UN MYTHE

C’est ce qui rend le monde fou. Parce que si Israël existe, si cette nation improbable, ancienne et détestée est encore élue, protégée et prospère, alors peut-être que Dieu n’est pas un mythe après tout. 

Peut-être qu’il est toujours présent dans l’histoire. Peut-être que l’histoire n’est pas le fruit du hasard. Peut-être que le mal n’a pas le dernier mot. Peut-être que les Juifs ne sont pas seulement un peuple… mais un témoignage. C’est ce qu’ils ne supportent pas.

Parce que dès l’instant où l’on admet que la survie d’Israël n’est pas seulement impressionnante, mais divine, tout change. Votre boussole morale doit se remettre à zéro. Vos présupposés sur l’histoire, le pouvoir et la justice s’effondrent. Vous réalisez que vous n’assistez pas à la fin d’un empire, mais au début de quelque chose d’éternel. 

Alors ils le nient. Ils le vilipendent. Et s’enflamment contre lui.

Parce qu’il est plus facile de qualifier un miracle de « fraude » que d’envisager la possibilité que Dieu tienne ses promesses. Et il les garde sous silence.

Alistair Heath,"

journaliste britannique,

mercredi 23 juillet 2025

Dans quelle proportion mangeons-nous de la viande halal ?

 La grande inconnue

Pris en étau entre cause animale et pression démographique, les politiques se soucient surtout de cacher les chiffres.

Sabine de Villeroché

Ils seraient, selon l'INSEE, plus de 80 % à pratiquer le ramadan, en France, sur une
population estimée à près de 7 millions de musulmans (environ 10 % de la population, chiffres INSEE). Durant cette période de l'année qui s'est achevée ce 30 mars, les familles musulmanes consacrent une part plus importante de leur budget aux produits alimentaires (à hauteur de 40 %). Une aubaine, pour les acteurs de la grande distribution, car ces dernières années, le marché des produits halal a explosé, enregistrant un chiffre d'affaires passé, en quatorze ans, de 5,5 milliards d'euros à 7 milliards, en 2023. Parmi tous les produits estampillés halal, le secteur de la viande en profite. Propulsé par des personnalités people comme le chanteur Soprano, « ambassadeur de la chaîne de fast-food Quick » « halal compatible » qui pose, bosse bien visible sur le front (signe de sa très grande religiosité). Derrière le business, c'est toute une pratique et un savoir-faire liés à l'abattage des animaux d'élevage qui s'en trouvent profondément modifiés. Plus ou moins perceptiblement. Mais qu'aucun de nos responsables politiques n'a réellement osé limiter.

Des statistiques qui ne sont plus collectées : l'opacité officielle

Le sujet est récurrent. Il émerge en 2016, avec la diffusion de plusieurs vidéos chocs réalisées par l'association de protection animale L214 pour alerter sur la cruauté des abattages rituels. La pratique consiste à égorger l'animal vivant sans l'étourdir préalablement, idéalement la tête tournée vers La Mecque. Une agonie qui peut durer jusqu'à deux minutes en présence d'un sacrificateur, musulman pratiquant qui prononce les paroles rituelles de l'islam. 

L'émoi provoqué par ces vidéos suscite la création d'une commission d'enquête qui ne servira, finalement, qu'à alerter l'opinion. En pleine campagne présidentielle de 2022, Éric Zemmour relance la polémique en affirmant que « plus de 50 % de la viande que tout le monde consomme est halal », au point « qu'en France, on mange de la viande halal sans le savoir ». Faux, protestent les fact-checkers, qui s'empressent de diffuser ces chiffres : « 34 % de l'ensemble des abattoirs, en France, sont autorisés à effectuer des abattages rituels. » Ce qui ne dit rien sur la proportion de viande halal consommée en France. Un seul rapport officiel, celui du ministère de l'Agriculture, datant de 2014, est exhumé, selon lequel « en nombre de têtes abattues, l'abattage sans étourdissement représentait 15 % des bovins abattus et 27 % des ovins ». Et TF1 Info de préciser : « La statistique n'a jamais été mise à jour », le ministère de l'Agriculture ayant justifié ce manque d'information par un « changement du système d'information du ministère, effectué en 2015 ». L'opacité est donc officiellement de mise.

Des politiques qui ne tranchent pas

Pris en étau entre les défenseurs de la cause animale et la pression démographique, les responsables politiques préfèrent ne pas trancher. Si l'interdiction de l'abattage sans étourdissement demeure la règle, le circuit de la chaîne halal peut profiter d'une dérogation offerte par un décret européen au nom du « libre exercice du culte ». Une sacro-sainte entorse à laquelle tous les responsables politiques, de François Fillon, en 2017, à Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, en 2020, de droite comme de gauche, n'oseront jamais toucher. Quitte à entretenir les consommateurs dans la plus totale ignorance de ce qu'ils ont dans leur assiette. Toute tentative pour exiger une information claire d'étiquetage sur le mode d'abattage de leur viande ayant échoué. En février 2024 au Sénat, au cour de l'examen de la loi d'orientation agricole, un amendement LR allant en ce sens a, une fois de plus, été rejeté.

De dérogations en fêtes religieuses : faire face à la demande

Dans l'idée d'« écarter les risques d'abus d'abattages rituels », depuis décembre 2011, le ministère de l'Agriculture oblige les abattoirs qui souhaitent pratiquer l'abattage rituel à obtenir un agrément délivré par le préfet. À ce jour, et selon l'OABA, association d'assistance aux bêtes d'abattoirs, sur les « 240 abattoirs de boucherie agréés, 150 (soit 62 %) ont obtenu une dérogation pour pratiquer un abattage sans étourdissement pour répondre aux demandes de viandes halal ou kasher ». Une belle proportion qui ne dit toujours pas quelle est la part globale de viande halal injectée dans le circuit de consommation. D'autant qu'à titre exceptionnel, à l'occasion de la fête musulmane de l’aïd el-kébir, par exemple, pendant laquelle plus de 100.000 moutons sont égorgés (encore un vieux chiffre jamais réactualisé), des autorisations supplémentaires et ponctuelles d'abattages rituels sont également délivrées.

L'anthropologue et chercheuse au CNRS Florence Bergeaud-Blacker, pour qui le marché du halal s'apparente à un « djihad économique », expliquait récemment, sur le plateau de CNews : « Il est plus simple, pour des raisons économiques, de ne pas faire de distinction dans l’abattage [...] l’abattage rituel en mode halal produit une quantité plus large de viande que celle qui est consommée sur le territoire. Le restant est distribué dans les supermarchés et les boucheries. Donc, nous mangeons de la viande halal qui n’est pas étiquetée comme telle. »

D'une manière générale, en France, le marché de la viande se porte mal et, mécaniquement, celui du secteur des abattoirs. Une partie d'entre eux, en grande difficulté, sont « sauvés » par de grands groupes qui ne se cachent pas de pratiquer l'abattage rituel, comme le groupe Bigard, d'ailleurs épinglé en avril 2024 par L214 pour son abattoir de Venarey-les-Laumes, en Côte-d'Or. En plein Pays de Bray, à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), c'est le groupe de supermarchés officiellement halal, HMarket, qui a racheté l'activité. Au grand désespoir d'un Xavier Bocquet, éleveur porcin chassé de son coin de territoire et contraint, désormais, de faire des kilomètres pour conduire son cheptel. Le soft power musulman pénètre tous les interstices de nos quotidiens.