1943: Pie XII n’a pas levé le
petit doigt pour protester
Consterné par les excuses continues apportées au pape Pie XII, l’historien
David Kertzer révèle ce qu’il a découvert de la position du Vatican sur le
génocide juif.
Le pape Pie XII, loin d’être « neutre » pendant la Shoah, dit un
lauréat du Pulitzer
Quand, en 1943, 1 260 Juifs italiens ont été
rassemblés par les nazis à portée de voix de la Cité du Vatican à Rome, le pape
Pie XII n’a pas levé le petit doigt pour protester.
Le pape était pourtant bien informé du sort probable
des Juifs italiens qui avaient été regroupés dans la cour d’un collège
militaire depuis deux jours. Selon l’historien et lauréat du prix Pulitzer,
David Kertzer, Pie XII avait, depuis l’automne 1942, reçu des informations
détaillées sur le génocide de la communauté juive européenne.
« Je m’étonne
que, de tout ce qui a été écrit sur l’action du Vatican et du pape pour sauver
les Juifs, si peu aient noté que cette action concernait surtout des
catholiques qui étaient soit des convertis issus du judaïsme, soit des enfants
de Juifs », a déclaré cette semaine au Times of
Israel Kertzer, auteur de Le pape en guerre : l’histoire secrète de Pie
XII, Mussolini et Hitler.
Pendant des décennies, Kertzer s’est plongé dans les
archives, notamment italiennes, pour reconstituer l’activité du Vatican pendant
la Seconde Guerre mondiale. Dans un livre récompensé paru en 2014, Le pape et
Mussolini, Kertzer décrivait de quelle manière le fascisme italien et le
Vatican s’étaient mutuellement renforcés dans l’entre-deux-guerres.
Hitler et les catholiques
« Les archives du Vatican récemment ouvertes
concernant toutes ces années montrent très clairement l’objectif que le Vatican
avait et qui était celui de venir en aide aux catholiques traités comme des
Juifs par les fascistes ou les nazis », a expliqué Kertzer au Times of
Israel.
Selon Kertzer, le Vatican peut faire plus qu’ouvrir
ses archives, même les plus sensibles – les « dossiers personnels » sont
toujours interdits aux historiens.
« Alors que l’Église catholique romaine a, dans
d’autres pays, dont la France et l’Allemagne, reconnu sa responsabilité dans la
diabolisation des Juifs, sur laquelle la Shoah a fait son lit – et, dans le cas
de l’Allemagne, dans le soutien à la guerre – ni le Vatican ni l’Église en
Italie n’ont reconnu leur part de responsabilité », a déclaré Kertzer, maintenant âgé de 74 ans.
« Le Vatican, en particulier, n’a jamais reconnu le
rôle que la hiérarchie de l’Église italienne avait joué pour convaincre les
Italiens qu’il était de leur devoir, en tant que bons catholiques, de prendre
part à la guerre de l’Axe », a déclaré Kertzer,
auteur de nombreux livres et essais sur l’histoire italienne.
Le pape en guerre ne contient pas une seule « preuve
irréfutable » concernant la position du pape sur la Shoah. Cependant, a déclaré
Kertzer, plusieurs documents découverts depuis 2020 brossent un tableau plus
clair pour les historiens des facteurs à l’origine de la position du pape sur
le massacre systématique des Juifs d’Europe.
Des éléments d’archives révélés dans le livre assurent
que le pape s’est secrètement entretenu avec Hitler, par l’intermédiaire d’un
prince allemand, intime du dictateur. Une autre découverte faite au beau milieu
de plusieurs milliers de documents publiés par le Vatican concerne le principal
conseiller du pape sur les affaires juives, qui aurait exhorté le souverain
pontife à ne pas protester contre l’ordre de Mussolini d’envoyer la plupart des
Juifs d’Italie dans des camps de concentration.
« J’aimerais croire que les apologistes de Pie XII
vont changer d’avis en lisant mon livre, en prenant connaissance des preuves
historiques, mais j’ai bien peu d’espoir », a
regretté Kertzer, ancien recteur de l’Université Brown. « En effet, je
crains qu’ils ne soient pas très nombreux à me lire avant de m’attaquer », a-t-il
précisé.
Pendant des décennies, les apologistes de Pie XII ont
affirmé que le souverain pontife aurait fait plus de mal que de bien en
dénonçant les nazis pour le massacre des Juifs. Après l’invasion de la Pologne
par l’Allemagne, Pie XII avait été informé des génocides de Varsovie et de
Lvov, mais il avait gardé le silence.
« J’ai du mal à comprendre en quoi le fait, pour le
pape, de réprouver les exactions commises par les nazis à l’encontre des Juifs
d’Europe aurait fait redoubler la colère d’Hitler contre les Juifs d’Europe –
principale justification des apologistes », a
déclaré Kertzer, fils de rabbin.
« Dans quel monde vivent de tels apologistes ? Dans un
pays où Hitler n’était pas déterminé à débarrasser l’Europe de tous ses Juifs ?
Ce qu’ils n’admettent pas, c’est à quel point les Allemands et les Italiens ont
régulièrement utilisé la diffamation des Juifs, prônée par l’Eglise, pour
justifier leurs propres campagnes anti-juives, et l’incapacité du pape à
condamner cela », a assuré Kertzer.
Dans Le pape en guerre, Kertzer établit que
l’antisémitisme n’était pas le trait de caractère dominant de Pie XII. Au
contraire, a déclaré Kertzer, le souverain pontife en temps de guerre avait
surtout à cœur de conserver le pouvoir de l’Église.
Pie XII craignait profondément le communisme, qu’il
considérait comme une déchristianisation, a ajouté Kertzer. Croyant qu’il avait
une mission personnelle pour vaincre le communisme, Pie XII avait préféré se
concilier les bonnes grâces de Mussolini et d’Hitler.
La personnalité de Pie XII s’était révélée «
déterminante » dans ce sens, écrivait Kertzer. Dans des milliers de rapports
d’ambassadeurs, de lettres envoyées par Pie XII et d’autres documents, le
souverain pontife aura constamment fait preuve de « prudence » en «
défendant les prérogatives de l’Église et en limitant au maximum le risque de
représailles », a déclaré Kertzer.
Quand il était devenu évident que l’Axe perdrait la
guerre, Pie XII avait fait du Vatican une entité de rétablissement de la paix.
Cependant, après la fin de la guerre, Pie XII avait refusé d’aider à localiser
les orphelins disparus de la Shoah, dont la plupart auront grandi dans la
religion catholique et ne seront jamais revenus au judaïsme.
Des hommes, des femmes et des soldats se rassemblent autour du pape Pie
XII, les bras tendus, le 15 octobre 1943, lors de sa tournée d’inspection de
Rome, en Italie, après un raid aérien américain du 13 août durant la Seconde Guerre
mondiale.
« Bien qu’au
cours des nombreuses années où j’ai pu aborder ces questions, j’ai été invité
par un grand nombre de synagogues et d’organisations culturelles juives à
parler de cette histoire, je ne me souviens pas d’avoir jamais été invité par
une église ou une organisation culturelle catholique », a conclu Kertzer.
MATT LEBOVIC fr.timesofisrael.com
Commentaire du webmestre
Tout cela n'a évidement rien à voir avec la véritable église de Jésus Christ où il n'y a ni pape, ni vatican.
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